Sexologie

Qu’est-ce que la Sexologie ?

La sexologie est une science qui s’est donné pour objet l’étude de la sexualité humaine et animale dans ses aspects hédoniques. La sexologie clinique a pour objet les applications pratiques de cette science aux troubles sexuels de l’homme et de la femme. Les sexologues sont en général des médecins ou des psychologues ayant suivi une spécialisation pour prendre en charge les problèmes sexuels.

Sexologue : adjectif professionnel ou nom ?

Bien que le titre soit légalement libre, donc utilisable par tous, sans aucune distinction de formation et/ou de compétences, les positions d’acteurs importants de la santé, comme l’ordre des médecins, et de la sexologie, comme l’AIHUS (Association Inter-Hospitalo-Universitaire de Sexologie), conduisent à une clarification des règles implicites dans l’exercice de cette activité. Ces règles pourront également servir de référence aux pouvoirs publics s’ils mettaient à l’ordre du jour la réglementation de ce titre.

Aujourd’hui une bonne part des sexologues est également médecin, et, en vertu d’une décision récente de l’ordre des médecins, ils peuvent porter le titre de médecin-sexologue, sans que la sexologie soit pour autant considérée comme une spécialité de la médecine, mais plutôt comme une compétence supplémentaire permettant de réaliser des interventions sexologiques. Certains médecins se cantonnent dans la pratique de la « sexologie médicale » c’est à dire la prise en charge des troubles de la sexualité d’origine organique, ou la tentative de résolution des troubles par une approche organique, en fonction des possibilités de l’attirail pharmacologique actuel (des troubles psychogènes pouvant être résolus par une ruse pharmacologique conduisant à des expériences sexuelles réussies avec le soutien du médicament, permettant ainsi de lever l’angoisse qui s’était installée et pénalisait le patient dans son vécu sexuel) ; d’autres médecins pratiquent d’autres courants thérapeutiques en se confrontant aux difficultés éventuelles de la prise en charge par les assurances de ce type de thérapies (la sexologie non médicale ne pouvant théoriquement pas être prise en charge par les assurances ni faire l’objet de feuille de soin, alors que tout acte du praticien conventionné doit faire l’objet d’une feuille de soins) ; néanmoins on peut remarquer que pour le public, la sexologie fait partie de la médecine. Une autre part des sexologues est psychologue et ils pratiquent la « sexologie clinique », c’est à dire la prise en charge des troubles de nature généralement psychogène par des thérapies sexologiques inspirées des psychothérapies. Ces thérapies sont orientées vers la résolution du trouble plus que vers la compréhension des causes de la difficulté rencontrées ; elles sont par conséquent brèves. Enfin, un troisième groupe de sexologue se compose de personnes de formations diverses, allant d’une formation équivalente en sexologie aux groupes précédents, jusqu’à une absence de formation.

Cette situation est due à diverses causes historiques dont, celle qui me semble la plus importante, l’absence de formation initiale en sexologie. La formation en sexologie est une formation continue, sans agrément particulier. Les formations sont cependant largement dominées par l’AIHUS qui regroupe les enseignements universitaires et les dynamise. Les enseignement regroupés sont cohérents sur le plan du programme et de la durée des cours et assurent ainsi une possibilité d’orienter des patients vers des thérapeutes dont le niveau de formation sera en quelque sorte garanti. A titre indicatif les formations agréées par l’AIHUS portent sur un cursus de 3 ans en formation continue.

Ainsi, compte tenu de ces éléments, le titre de sexologue en France est un adjectif et la conférence sur la sexologie en France a vu se succéder le gynécologue-sexologue, l’urologue-sexologue, le psychologue-sexologue, le psychiatre-sexologue, le médecin-sexologue, … sans que jamais n’intervienne le sexologue. Ceci a des conséquences importantes dans la pratique car on peut remarquer par exemple que très peu de sexologues pratiquent cette profession à plein temps, en effet la profession initiale occupe généralement la place prépondérante, et les prise en charge sexologique s’exerçant en fonction des patients qui se présentent, parfois dans le cadre de l’exercice principal (tel médecin ne voyant en sexologie que des patients qu’il soigne par ailleurs – ce qui est également sujet de discussion).

Ou est la différence ? Qu’est ce qui fait le sexologue ? Un élément de réponse important se situe du coté de l’évaluation. Là ou un professionnel fera une évaluation selon son approche métier (évaluation médicale, urologique, gynécologique, psychologique, …) avec ses incidences sur la sexualité, le sexologue fera une évaluation spécifiquement sexologique. Ainsi la confusion des métiers, et des rôles conduit à des évaluations variées selon la formation initiale des praticiens, et à des approches méthodologiques nombreuses.

Pour ma part je revendique le titre de sexologue, et je l’assume par ma pratique de l’évaluation sexologique, c’est à dire l’évaluation des comportements, des caractères de l’équilibre actuel du patient et de son développement sexologique.

Trouble ou symptôme ; évaluation ou diagnostic ?

La question de la description du trouble sexuel est délicate car elle pose le problème de la référence. En référence à quoi un trouble est décrit comme un trouble ? Ainsi la notion de symptôme renvoie à la notion de santé et de fonctionnement inapproprié, c’est à dire par rapport à un fonctionnement normal : par exemple dans le cas du trouble de l’érection il existe une notion de rigidité qui permet la pénétration (rigidité normale ?) et qui peut n’être pas suffisante, ou dans le cas de l’éjaculation rapide, peut on évoquer une durée « normale » ?. La norme fait référence à un système de valeurs, et donc le mot « normal » n’a aucune place dans un discours thérapeutique. Par exemple dans le discours médical, normal renvoie à la norme de la santé, ou de la performance, ou en d’autres termes à une moyenne. Dans ce cadre, un symptôme est le signe d’un déséquilibre, qu’il convient d’interpréter – le diagnostic – et de résoudre afin de retrouver l’équilibre.

Dans une autre perspective, le trouble sexuel est le signe d’un comportement dans la sexualité, c’est à dire d’un équilibre que le patient a mis en oeuvre compte-tenu de ses connaissances et habiletés sexuelles. Cet équilibre génère une souffrance qui est le motif de la consultation et le patient ne parvient pas à trouver un autre équilibre, en remplacement, qui lui conviendrait mieux. L’évaluation permet de comprendre l’équilibre et surtout les habiletés dont le patient dispose pour construire un équilibre plus satisfaisant, afin d’éventuellement le doter de nouvelles habiletés qui lui serviront dans l ‘équilibre qu’il doit mettre en place. Un comportement sexuel, même s’il génère une souffrance n’est pas une maladie, c’est un équilibre, c’est à dire une solution que le patient a mis en place compte tenu de sa personnalité, ses connaissances, ses habiletés, ses valeurs, … (pour cela il convient de comprendre la logique du patient).Le trouble sexuel est porteur de sens, mais dans la plupart des cas ce sens renvoie à des habiletés non appropriées dans le développement sexuel du patient.