Morphopsychologie

Qu’est-ce que la Morphopsychologie ?

La morphopsychologie part du principe que des types morphologiques correspondent à des types de personnalités. Morphologie vient du grec: morphê (forme) et logos (science).

L’étude de la morphologie est une science qui a plus de 5000 ans d’âge. Elle ne se basait alors sur aucune recherche sérieuse, et faisait plutôt appel à l’imagination. Plus tard, d’autres sciences sont venues au secours de la morphologie, la physiologie et l’anatomie en particulier. Les premières recherches sérieuses datent du Moyen-Age. En 1540, Lescaut nous parle de « Physionomie ». En 1533, « Physiognomia », publié par Coclès, est salué par les critiques de l’époque pour le travail rigoureux de son auteur. Au 18ème siècle, Lavater, aidé par Goethe, s’intéresse de près aux relations existant entre le corps et l’esprit. Pour lui, l’étude de l’homme extérieur, physique doit pouvoir donner des indications sur l’homme intérieur, moral. Il entreprant un important travail de recherche et étudie même des œuvres anciennes, plus particulièrement les œuvres d’Aristote. Il attribua un visage aux quatre types morphologiques décrits par Hippocrate, il y a 2000 ans.

Les tempéraments d’Hippocrate :

  • Le sanguin : teint coloré, tendance à l’embonpoint. Ses gestes sont brusques et excessifs. Il aime la vie et a besoin d’air, de mouvements.
  • Le lymphatique : on a l’impression qu’il mène une vie au ralenti. Prédisposé à l’obésité. Il est placide, peu émotif, compense son manque de vitesse par une bonne organisation.
  • Le bilieux : a des traits durs, un physique énergique. Il est de type coléreux. De physique plutôt maigre, il est très actif, voire impulsif.
  • Le nerveux : il a des gestes maladroits, étriqués. Physiquement, on le reconnaît à son air contracté, nez pincé, lèvres minces. Son modelé est sec, voire décharné. La zone supérieure est dominante. C’est un homme d’esprit.

L’étude du visage

La morphopsychologie est une science de la vie, qui étudie donc les choses en mouvement. Il est important de bien comprendre que cette science est dynamique et non statique. Un visage évolue avec l’âge bien sûr, mais aussi grâce au (à cause du) vécu.
Le morphopsychologue va donc devoir prendre en compte tous les critères dont il dispose. Il est indispensable de pratiquer cette science avec assiduité, régulièrement: l’expérience est un facteur important pour pouvoir comprendre la signification psychologique des visages.

L’étude du visage doit être méthodique

Elle comportera

  1. L’étude du cadre, appelé encore « grand visage » qui en est le bâti osseux. Il donne la mesure de l’expansion vitale.
  2. Les récepteurs sensoriels, lieux des échanges, (olfactif, visuel, gustatif) ont une signification importante; leur réunion constitue  » le petit visage « , inclus dans le grand. Leur structure donne des indications sur la manière dont ces échanges s’effectuent. Les rapports entre ces 2 études sont très intéressants pour l’étude de la personnalité d’un individu.
  3. Le modelé, ou contour du visage. Il est révélateur du mode de relation de l’organisme avec son environnement. Exemple: un modelé rond indique une facile adaptation et une ouverture large vers le monde extérieur. Le modelé varie souvent au cours de la vie.
  4. La mimique expressive. Le visage étant la partie du corps la plus mobile, son étude ne peut s’envisager sans tenir compte de cette mobilité, expression du dynamisme vital.

Ces 4 étapes de l’étude du visage, permettent de classer les individus selon 2 types de personnalité : les dilatés et les rétractés.

Personnalité type du dilaté

Morphologiquement, les « dilatés » se caractérisent par un corps tout en rondeur, massif. Le visage est large, les angles en sont estompés; les récepteurs sont charnus. On peut dire qu’ils ont le « visage ouvert. » Psychologiquement, ils sont tolérants et avides de contacts, d’échanges. D’excellente humeur, ils aiment être entourés d’amis. Ils sont bien adaptés au monde…tant que tout va bien. Par contre, ils ne peuvent comprendre que d’autres n’aient pas les mêmes visions optimistes qu’eux. Ils sont très « terre à terre »: ce sont des réalistes. Ils agissent souvent sans réfléchir, car ils savent rapidement ce qui doit être fait selon les circonstances.

 » Il y a des gens qui raisonnent longuement pour reconnaître l’évidence. Edouard, lui, tourne un peu le nez dans le sens des aiguilles d’une montre, il aspire, et toc ! Il sait tout ce qu’il faut savoir.  » DUHAMEL

Professionnellement, grâce à une grande souplesse d ‘adaptation, les dilatés peuvent exceller dans la plupart des métiers. Ce sont des hommes d’intuition!

Personnalité type du rétracté

Morphologiquement, le visage des rétractés est plutôt allongé. Les récepteurs sont enfoncés, comme abrités derrière les surfaces osseuses. Le modelé est rétracté. On observe une dissymétrie des 2 hémifaces. Leur démarche est empreinte de raideur, image de leur raideur mentale.  » Elle marchait sans que le mouvement se distribuât également dans sa personne de manière à produire ces ondulations si gracieuses, si attrayantes chez les femmes, elle allait pour ainsi dire tout d’une pièce…  » BALZAC, Le Curé de Tours

Psychologiquement : les rétractés semblent rechercher l’équilibre. Leur personnalité change selon qu’ils sont dans leur milieu d’élection ou non. En société, ils paraissent ouverts à l’image des dilatés, mais se replient sur eux-mêmes ensuite. Ils ne recherchent pas les contacts, ne se lient pas facilement. En conséquence, leur vie amoureuse est bien plus problématique que celle des dilatés. N’ayant pas une soif insatiable de connaissances, ils compensent ce manque de diversité d’intérêts par un approfondissement de leur acquit: ce sont des hommes de réflexion.

Vouloir absolument inclure un individu dans un de ces 2 types serait bien évidemment simpliste. Il existe de nombreuses variétés de « dilatés » et de « rétractés ». La tonicité doit également être prise en compte pour une interprétation morphopsychologique, ainsi que les différents « degrés » de rétractation. Les types « rétractés » et « dilatés » se retrouvent même parfois sur le même visage. Des qualités sont également communes aux 2 types. La vitalité, par exemple, est présente aussi bien chez les dilatés que chez les rétractés, mais n’est pas de même type. Chez les dilatés, cette vitalité sera expansive, abondante, généreuse. Chez les rétractés, la vitalité sera économisée, dépensée avec mesure.

Les 3 zones du visage : supérieure, médiane et inférieure, ont des attributions précises.

  • La zone supérieure, dite cérébrale, donne des indications dans le domaine intellectuel. Elle est le siège de la raison, de l’esprit. Elle renferme tout le système nerveux, y compris le regard, significatif des mouvements de la pensée.
  • La zone médiane est celle de l’affectif. Elle comprend les récepteurs: yeux, oreilles, nez, bouche. Le degré d’ouverture ou de fermeture de ces récepteurs donne des indications sur la capacité à s’ouvrir au monde extérieur.
  • La zone inférieure, ou zone de l’instinct: Elle englobe le lobe de l’oreille, la mâchoire, le menton et le cou. La forme et l’importance de la bouche, des lèvres, témoignent des appétits matériels et sensoriels.

On apprécie l’importance de ces zones en observant leur hauteur, leur largeur et leur profondeur.

En règle générale :

  • Si les 3 zones ont sensiblement les mêmes dimensions, on a affaire à une personne équilibrée, pour laquelle il n’y a pas de domination d’un des 3 éléments: corps, cœur, esprit. Cet équilibre est présent chez ceux qui savent concevoir des projets et se donnent les moyens de les finaliser.
  • Si la zone supérieure, ou zone de la pensée est plus développée que les 2 autres, on peut supposer que le sujet est avant tout un conceptuel, plus qu’un réalisateur.
  • Si c’est la zone médiane qui est plus développée, le sujet réagit surtout selon sa sensibilité, qu’il contrôle plus ou moins. L’intérêt social est primordial chez lui.
  • Si la zone d’action prédomine, on a affaire à un sujet qui est près des réalités. Il est physiquement solide et résistant.

Descriptions anatomiques et significations psychologiques

Voici quelques signes morphologiques et leur interprétation. Bien entendu, un morphopsychologue ne se contera pas de ces quelques indications, car chaque signe morphologique doit être jugé en fonction du visage entier en regard de l’ensemble des autres signes.
Ainsi, une bouche grande et charnue sera signe de vigueur, de chaleur humaine dans un visage au cadre ferme et large; mais dénotera de la mollesse dans un visage étroit et mou.

Etude du front

Le premier aspect est son importance par rapport au reste du visage. Comme on l’a vu dans le paragraphe précédent, un front (élément prépondérant en taille de la zone supérieure) largement présent par rapport aux 2 autres zones, indique une prédominance de la pensée, qui impose son orientation aux autres activités, physique et motrice.

  • Un front droit, vertical est signe de réflexion concentrée. On le trouve plus souvent chez les femmes, dont l’attitude est plus prudente que chez les hommes.
    Le front oblique est de type masculin. On le trouve chez les fonceurs, les hommes d’action. A l’extrême, un front très incliné est signe d’impulsivité.
  • Le front bombé est celui de l’enfant, signe de candeur puérile. Un adulte qui a gardé un front bombé a du mal à être mature.
  • Un front rond, est signe de réceptivité ou de rêve. Les sujets au front rond ont du mal à être rationnel.
  • Le front rectangulaire, est signe d’étroitesse d’esprit. Le sujet a besoin de directives, mais fait ensuite preuve de beaucoup d’objectivité et de réalisme.

Les yeux

Les yeux font partie des « récepteurs » cités plus haut. Leur degré de profondeur dans les orbites est un signe pour pouvoir « classer » le sujet dans un des 2 types déjà étudiés: « rétractés » ou « dilatés ».

Leur forme donne aussi quelques indications:

  • Des yeux relevés du côté externe sont signe de gaieté, de dynamisme.
  • Des yeux « tombants » indiquent la prédominance des sentiments.

Le degré d’ouverture des yeux est également important: des yeux grands ouverts dénotent l’ouverture au monde.

La forme des sourcils est révélatrice de l’énergie du sujet:

  • Les sourcils courts sont signe de spontanéité.
  • Longs, ils sont signe de réflexion, de préméditation avant l’action.
  • Les sourcils désordonnés dénotent un caractère imprévisible.
  • Bien ordonnés, ils sont signe de constance.
  • S’ils sont très rapprochés l’un de l’autre, cela implique généralement un blocage affectif.
  • Ecartés, ils sont signes d’imagination.

Le nez

Un nez long est signe de réflexion. Il indique que le sujet fait une liaison entre le passé et le futur: il tient compte de l’expérience acquise. A l’inverse, un nez court dénote une rapidité de réaction, de la spontanéité. Un nez « aplati » sur le visage indique que le sujet a peu de goût pour les contacts. C’est le nez des timides.

La bouche

C’est sur la bouche que s’inscrit notre vie affective et sensorielle.

  • Une grande bouche est gourmande. Elle exprime l’expansivité. Si les lèvres sont charnues, elles sont un signe d’extraversion.
  • Une petite bouche, à l’inverse, est signe d’un repli sur soi. Elle peut indiquer une timidité.
  • Une bouche harmonieuse, bien proportionnée, est signe d’équilibre entre instinct et sentiment.

La mâchoire et le menton

  • Une mâchoire large est généralement signe de force, de résistance physique. Elle indique un réel sens pratique.
  • Une mâchoire étroite est plutôt signe de timidité ou de nervosité.
  • Un menton rond indique une grande stabilité, l’absence de tension.
  • Pointu, il est signe de nervosité.
  • Un menton projeté est signe de volonté, parfois d’arrogance, voire de brutalité.
  • Un menton en retrait est au contraire signe de manque de détermination, d’indécision.

Le geste, un révélateur

 » Aucun mortel ne peut garder un secret; si les lèvres restent silencieuses, ce sont les doigts qui parlent.  » SIGMUND FREUD

Les gestes peuvent en effet être révélateurs de notre personnalité. Il faut pour cela considérer la part du conscient, du volontaire, de celle de l’inconscient qui agit comme un signal permettant de reconnaître la partie cachée, refoulée de notre personnalité.

 » Mon Dieu… une main serrée, un regard animé, une étreinte contre la poitrine… et que le premier mot qu’on prononce est froid après tout cela.  » J. J. ROUSSEAU

L’amplitude, la direction de vos gestes, parlent pour vous.

  • Les gestes plus orientés vers la droite sont un indice de dévouement, mais aussi de vantardise.
  • Ceux orientés vers la gauche indiquent une tendance à l’accaparement.
  • Les gestes orientés vers le bas sont signes d’impatience (c’est le geste de l’impatient qui tapote le bord de la table avec ses doigts, ou celui de l’enfant qui tape du pied).
  • Orienté vers la poitrine, le geste montre la déception, ou la protestation.
  • Orienté vers l’avant, le geste dénote une sûreté de soi. C’est l’attitude de l’orateur qui monte à la tribune, par exemple. Si le geste se limite à la main tendue, l’explication peut être tout autre: c’est le geste du mendiant. Dans l’un ou l’autre cas, on observe une attitude pour attirer l’attention sur soi.
  • Les gestes orientés vers l’arrière dénotent la peur, la crainte.

Les mains constituent « le champ d’observation privilégiée de l’activité gestuelle » (J.Bergès – « Les gestes et la personnalité »). Ainsi, serrer les poings est signe de colère. Montrer les paumes est signe de soumission. Triturer un objet est une manière de fixer son attention.

La poignée de main est très parlante, d’autant plus qu’il s’agit du premier geste échangé avec un interlocuteur.

  • Une poignée de main franche laisse penser que le sujet est lui-même franc, de caractère ouvert.
  • Si la poignée de main est « moite », on peut penser que notre interlocuteur n’est pas décontracté. Elle trahit son émotion…ou son anxiété.
  • Une poignée de main raide, du bout des doigts, est signe d’indifférence, voire de mépris.

Cependant, on ne peut juger un individu sur une seule poignée de main. Il faut prendre en compte tous les autres signes donnés par le corps, en particulier sa raideur, l’inclinaison de la tête, …etc, et le regard!

Quelques gestes et leur signification

Les attitudes de la tête sont très révélatrices de votre état d’esprit.

  • La tête inclinée en avant est signe d’accablement, de tristesse, ou de timidité. C’est l’attitude de la honte ou de la dissimulation.
  • La tête inclinée vers l’arrière indique l’orgueil, la fierté; le besoin d’être vu.
  • L’inclinaison latérale de la tête a différentes significations, selon la mimique du visage l’accompagnant.

Les épaules donnent également de bonnes indications: le haussement d’épaules témoigne de la volonté de se décharger d’un fardeau. Il peut également être un signe d’impatience, ou une attitude de détachement total. Enfoncer le cou dans les épaules est un signe d’accablement. C’est l’attitude des vaincus de nature.

Les applications de la morphopsychologie

La morphologie, comme nous l’avons vu, est un outil à la connaissance de l’homme. Cependant, il faut être prudent quant à l’interprétation que l’on peut en faire, ne pas oublier que l’intuition en est un facteur important. Pour une étude plus juste, il serait judicieux de comparer les résultats avec ceux obtenus par d’autres sciences, la graphologie par exemple.

Quoi qu’il en soit, la morphopsychologie reste un outil précieux puisqu’elle renseigne sur le potentiel vital d’un individu: elle permet plus précisément d’établir un pronostic de son évolution, pronostic intéressant en particulier dans le milieu professionnel, puisqu’il permet « d’imaginer » un profil de carrière. Certains chefs d’entreprise, ou recruteurs, sont particulièrement perspicaces dans leurs observations lors d’entretiens. Il est peut-être un peu simpliste de dire qu’ils sont morphopsychologues sans le savoir…et pourtant !

Si la morphopsychologie est « étudiée » depuis des millénaires, son application méthodique est relativement récente. Ce sont surtout des médecins qui en ont établi les bases, tels que F.J.Gall, inventeur de la phrénologie, ou étude de la personnalité humaine par les bosses du crâne, Louis Corman, Ermiane, ou Mucchielli.